Une maison les pieds dans l’eau

N° 270 - Publié le 11 août 2014
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Même si la crue du 29 décembre 1994 a été moins spectaculaire que celle de 2000, le quartier de l’hippodrome de Quimper a été bien touché.

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Vivre au bord de la rivière, le rêve ! Mais la colonisation de ces derniers espaces libres n’est pas toujours réfléchie.

Autrefois, les bords des cours d’eau étaient souvent peu urbanisés. À Rennes ou à Redon, occupée par les tanneurs et les industries, la “basse ville” n’était pas très prisée. « Aujourd’hui, les raisons pour lesquelles les promoteurs et les habitants choisissent de s’installer à proximité d’une rivière sont différentes. La plus basique est qu’il ne reste bien souvent plus de place ailleurs ! L’autre raison, c’est que les mentalités ont changé : les cours d’eau sont prisés pour leur attrait paysager. »

Spécialisée dans la gestion des catastrophes naturelles, Janique Valy termine actuellement sa thèse au laboratoire de géographie Costel, à l’Université Rennes 2, sur le parallèle entre la croissance urbaine et les risques inondations. Elle travaille sur le cas de Quimper et de trois communes de l’agglomération rennaise (Bruz, Cesson-Sévigné, Saint-Grégoire).

Le risque a-t-il été prévu ?

« Je cherche à savoir si le risque a été pris en compte dans les constructions réalisées depuis 1950 », explique-t-elle. Sur le terrain, Janique Valy consulte des documents d’archives (cadastres, etc.), les comptes-rendus des conseils municipaux. Elle utilise les photos aériennes à l’échelle de la commune pour voir l’évolution urbaine. « Il faut que je puisse identifier la maison. » Elle travaille également en collaboration avec le Service de prévision des crues et l’Institution d’aménagement de la Vilaine. « Dans les maisons anciennes, le risque avait été pris en compte : elles ont souvent un seuil. Dans les années 50 à 70, tout dépend de la commune ! L’inondation de 1966 est d’ailleurs intéressante car elle arrive en pleine extension urbaine. Aujourd’hui, on est de nouveau dans une phase où le risque est pris en compte. » Mais pas toujours de la même façon ou pour les mêmes raisons. In fine, l’urbanisation en zone inondable n’est pas identique pour toutes les communes étudiées : « deux des communes sur lesquelles je travaille ont choisi d’installer des industries en zones inondables alors que les deux autres ont fait construire des logements. Une seule a interdit le creusement de caves ou de garages en sous-sol. »

Des maisons plus vulnérables

Ce ne sont pas les inondations qui sont plus fréquentes mais la vulnérabilité des biens qui augmente. Les gens n’hésitent plus à transformer des cabanes de pêcheurs en résidences secondaires, ou à aménager le rez-de-chaussée d’anciens moulins à eau. « Les aménagements réalisés autour des cours d’eau suppriment parfois les petites inondations et font en quelque sorte oublier le risque. » Contrairement au sud de la France, d’où vient Janique Valy, les inondations sont rarement mortelles en Bretagne, mais elles n’en demeurent pas moins traumatisantes pour les populations qui les vivent. 

Nathalie Blanc

Janique Valy
janique.valy [at] univ-rennes2.fr (janique[dot]valy[at]univ-rennes2[dot]fr)

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