Fi des clichés sur la campagne !

N° 270 - Publié le 10 août 2014
© Costel-Audiar, 2006
Les taches urbaines (données de 2005) de l’Ille-et-Vilaine (à gauche) et de Rennes Métropole (à droite) sont projetées sur des images satellite. Différents scénarios d’urbanisation peuvent être testés de cette façon.

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Entre nouveaux ruraux et agriculteurs, les points de vue convergent ! Un géographe enquête sur cette dynamique.

Terres nourricières, biens fonciers, ou jolis paysages ? Quelles fonctions remplissent réellement les espaces agricoles menacés ? Comment sont-ils perçus par leurs habitants ? 

C’est ce qu’Yvon Le Caro, enseignant-chercheur en géographie sociale à l’Université Rennes 2, veut savoir. Dans le cadre d’un projet sur les Dynamiques territoriales et foncières(1), commencé en mars 2009, il va à la rencontre des habitants. En Bretagne, ses zones d’étude sont le Coglès (dans le Pays de Fougères) et le péri-urbain de Lorient. Hommes agriculteurs, femmes agricultrices et habitants non-agriculteurs : le chercheur a séparé les habitants en trois groupes. « Pour les agriculteurs, ce n’est pas tant le sexe que la transmission des terres qui change la donne, note-t-il. Les femmes d’agriculteurs et les maris d’agricultrices ont un rapport plus distancié à la terre que leurs conjoints-propriétaires. »

L’accrobranche est une  nouvelle façon d’utiliser l’espace rural.
© Photononstop - A. Demotes

Ils aiment avoir des voisins

Les premiers résultats des entretiens indiquent déjà qu’agriculteurs et habitants non-agriculteurs partagent globalement les mêmes points de vue. La culture urbaine gagne la campagne : le fait d’avoir une belle maison et une qualité de vie agréable est aussi important chez les agriculteurs que chez les nouveaux arrivants. Et, contrairement aux idées reçues, les agriculteurs interrogés ne recherchent pas l’isolement sur leurs terres. Ils aiment avoir des voisins. « Les agriculteurs comprennent aussi l’avis des non-agriculteurs sur le bocage, qu’ils considèrent aussi comme objet paysager esthétique. Et, de leur côté, les habitants entendent le discours des agriculteurs quand ils expliquent que les haies peuvent compliquer leur travail. »

À terme, les résultats de ces enquêtes doivent servir pour donner aux élus des outils de gouvernance foncière. Peut-être que la première chose à faire serait de créer des espaces ou des moments pour ce genre de discussion.

À quoi ça sert la campagne ?

Avant les années 50, les espaces ruraux sont des biens familiaux transmissibles. Les loisirs sont la pêche, la chasse et la cueillette, souvent pratiqués par les paysans eux-mêmes. À partir de 1950, la terre agricole devient un espace réservé aux professionnels, tandis qu’avec la poussée des villes, la campagne acquiert une fonction esthétique et bénéficie d’une connotation positive. C’est le début du tourisme vert. Cette phase annonce l’attractivité résidentielle de la campagne des années 80. Les promenades pédestres, équestres et en VTT se développent, plutôt bien acceptées par les agriculteurs, qui partagent volontiers leur espace. Aujourd’hui, les enjeux principaux sont la réduction des impacts environnementaux, la préservation de la superficie cultivable et la construction commune du cadre de vie.

Nathalie Blanc

(1) Le projet Dytefort (Dynamiques territoriales et foncières dans les espaces ruraux en transition du grand Ouest) mobilise une dizaine d’équipes de recherche, des collectivités, des cabinets d’études, des groupes d’agriculteurs et des chambres d’agriculture.

Yvon Le Caro, Tél. 02 99 14 18 30
yvon.lecaro [at] univ-rennes2.fr (yvon[dot]lecaro[at]univ-rennes2[dot]fr)

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