Les emballages de demain seront bio et intelligents

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N° 268 - Publié le 31 octobre 2014
© Fotolia - Meailleluc.com

Fabriqués à partir de matière première biologique, compostables ou dotés de propriétés bactériostatiques, les emballages alimentaires de demain sont déjà dans les cartons.

Il serait bon d’utiliser moins d’emballages pour nos aliments et de préférer les matériaux les plus écologiques, souffle notre fibre environnementale. Du côté des industriels, les choses ne sont pas si simples. « Il faut trouver un bon compromis pour continuer de garantir la protection du produit, l’information du consommateur et la visibilité commerciale », résume Jean-Marc Levêque, responsable du développement durable chez Triballat.

Bioplastique 2e génération

Les options sont diverses : réduire le suremballage, les grammages de carton, modifier le ratio contenant/contenu (un pot de 500g plutôt que deux pots de 250g), opter pour des emballages bimatières (la quantité de plastique est réduite, c’est le carton qui rigidifie l’ensemble)..., ou encore s’orienter vers des matériaux nouveaux, tels que les bioplastiques de seconde génération. Ces bioplastiques sont également appelés plastiques biosourcés, parce que leur source est biologique et non pétrochimique et surtout parce qu’ils sont obtenus à partir de matières premières naturelles renouvelables issues de coproduits ou de cultures biologiques n’entrant pas en compétition avec des cultures vivrières. Certains laboratoires et quelques industriels savent déjà en fabriquer, mais les procédés doivent encore être optimisés.

À l’Université de Rennes1, le chimiste Jean-Luc Audic(1) élabore des films alimentaires à partir de protéines (caséine, protéines de soja...). Elles entrent dans la composition à hauteur de 30%. « On peut imaginer une composition 100% protéique, mais cela impliquerait de grosses modifications des procédés de fabrication des emballages », commente le chercheur. Les machines ne sont pas paramétrées pour ces matériaux.

Le torréfacteur breton Coïc (Finistère) teste depuis le mois de juillet des emballages biosourcés, fabriqués en Suisse, pour ses paquets de café. « C’est prometteur, atteste Marianne Rannou, responsable qualité, même si certains paramètres doivent encore être améliorés, notamment la rigidité. »

Dans son laboratoire de l’Université de Rennes1, le chimiste Jean-Luc Audic élabore des films alimentaires à partir de protéines.
© DR

Biodégradable et plus

Exigents, les membres(2) du projet Biocomba attendent d’un emballage biosourcé qu’il ne soit pas seulement biodégradable mais aussi compostable. C’est-à-dire qu’il ne génère aucun toxique en se dégradant. Il devra également garantir des “propriétés barrière” pour éviter que l’air ne vienne au contact de l’aliment, ou qu’un gaz contenu dans le produit ne diffuse vers l’extérieur. Le polymère d’origine biologique répondant à ces exigences pourrait être un polyhydroxyalkanoate (PHA).

Emballage antibactéries

Autre piste pour l’élaboration des emballages de demain, les rendre intelligents ou actifs. Dans le premier cas ils informent sur le contenu (dépassement de la date limite de consommation, rupture de la chaîne du froid...), dans le second ils agissent (unilatéralement) sur lui, par exemple en empêchant la prolifération de bactéries. C’est précisément l’objectif du projet Emballage actif antialtération (E3A)(3), soutenu par le pôle de compétitivité Valorial. « L’objectif ici est d’augmenter la date limite de consommation par effet bactériostatique », précise Thierry Varlet, responsable de la commission emballage de Valorial. Des agents inhibiteurs des bactéries responsables de l’altération migreront de l’emballage vers la denrée alimentaire.

Biocomba et E3A sont en attente de financement et seront présentés cet automne par Valorial pour l’obtention du fonds unique interministériel.

Michèle Le Goff

(1)UMR6226 Sciences chimiques de Rennes.

(2)Ifremer, Université de Bretagne sud, École nationale supérieure de chimie de Rennes, Gepea Saint-Nazaire et Valagro Poitou-Charentes.

(3)Ifremer, Université de Bretagne sud, École nationale supérieure de chimie de Rennes, Université de Rennes1, université de Montpellier et Centre technique de conservation des produits agricoles.

Jean-Marc Levêque
Tél. 02 99 04 17 25
jeanmarc.leveque [at] triballat.com (jeanmarc[dot]leveque[at]triballat[dot]com)

Jean-Luc Audic
Tél. 02 23 23 81 60
jean-luc.audic [at] univ-rennes1.fr (jean-luc[dot]audic[at]univ-rennes1[dot]fr)

Marianne Rannou
Tél. 02 98 55 10 92
marianne.rannou.cafes-coic [at] wanadoo.fr (marianne[dot]rannou[dot]cafes-coic[at]wanadoo[dot]fr)

Thierry Varlet
Tél. 02 98 10 02 00
thierry.varlet [at] breizpack.net (thierry[dot]varlet[at]breizpack[dot]net)

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