Une autre façon de soigner

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N° 263 - Publié le 14 novembre 2014

Une nouvelle unité de recherche est née à Rennes. Informaticiens, cliniciens et linguistes vont réfléchir ensemble à une autre exploitation des données médicales.

« C’est un défi et une nécessité. » La nouvelle unité de recherche de l’Inserm dans le domaine de l’informatique biomédicale a donné le ton lors de sa conférence inaugurale, le 6 février dernier au CHU de Rennes. Sa spécialité, la médecine translationnelle, est apparue dans les années 2000, face à la multiplication des données médicales numériques : dossiers médicaux des patients, données génétiques, imagerie (scanner, IRM), statistiques environnementales (toxicologie). L’objectif est de rassembler ces informations, les mettre en relation, afin d’en tirer le maximum. 

Des concepts communs

Simple ? Pas si sûr. Car toutes les spécialités médicales ne parlent pas la même langue. Pour un même terme, une même pathologie, le médecin généraliste, le chercheur ou le radiologiste n’auront pas la même définition. Comme un peintre et un marchand de couleurs doivent s’entendre sur ce qu’est le rouge pour que l’un puisse passer commande à l’autre, « il nous faut définir des standards informatiques, des concepts qui seront compris par toutes les disciplines, explique Anita Burgun, directrice de cette nouvelle unité de recherche. Et qui pourront communiquer entre eux, c’est le but des ontologies. C’est pour cette raison qu’il y a des informaticiens, des cliniciens mais aussi des spécialistes du langage et de la sémantique dans l’équipe. »

Laisser parler les données

Il faut ensuite tendre l’oreille et “laisser parler” toutes ces données. « Par exemple, nous cherchons à déterminer s’il faut systématiquement hospitaliser les patients porteurs d’un pacemaker dont l’alarme se déclenche. Avec la fouille de données, il ressort que pour tel type de patient avec tels antécédents, cela représente une urgence, alors que pour un autre il n’est pas nécessaire de s’inquiéter. » Ainsi, brasser des milliers de données venant du plus grand nombre de patients possible permet de personnaliser les diagnostics. Une approche différente du traitement de masse pratiqué au 20e siècle.

De nouvelles hypothèses

La médecine translationnelle participe aussi à l’évolution de la recherche. Elle apporte aux scientifiques de nouvelles hypothèses à vérifier. « Lorsque l’on repère des régularités, il faut ensuite en comprendre les raisons scientifiques. » Par exemple, s’il apparaît que les porteurs de pacemakeur ayant déjà eu des alertes et placés sous anticoagulant n’ont pas à s’inquiéter lors d’une alerte, on peut chercher le lien de cause à effet. Seule la mise en commun des différents facteurs médicaux peut soulever de telles questions.

Au niveau européen

L’Union européenne a compris la place qu’allait jouer la bio-informatique dans les années à venir. Elle en a fait l’une de ses priorités. Dans ce contexte, l’équipe rennaise a déjà vu certains de ses projets soutenus au niveau européen.
« Aujourd’hui on sait que les grandes découvertes se feront dans l’interdisciplinarité, précise Régis Duvauferrier, membre de l’équipe spécialisé dans l’imagerie médicale, nous, nous la mettons en pratique. »

Céline Duguey

Anita Burgun
anita.burgun [at] chu-rennes.fr (anita[dot]burgun[at]chu-rennes[dot]fr)
Régis Duvauferrier regis.duvauferrier [at] chu-rennes.fr (regis[dot]duvauferrier[at]chu-rennes[dot]fr)

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