La vie d’un fleuve tranquille

Actualité

N° 262 - Publié le 18 novembre 2014
© Nathalie Blanc
Un creux dans la berge et des traces de sédiments riches en sable sur le sol prouvent que le niveau de l’eau est monté pendant le week-end du 25 janvier, sur les bords de la Flume.

Des prélèvements de sédiments dans une rivière donnent des informations précieuses sur la vie du bassin versant, en amont.

Le dernier week-end de janvier a été pluvieux. Si la Bretagne n’a pas été touchée par la tempête, les cours d’eau ont néanmoins subi trois à quatre crues. Philippe Laguionie, ingénieur de recherche à l’Insa, se réjouit : « Les flacons vont être chargés. » Chargés de sédiments. Cet après midi, la camionnette de l’Insa part donc en direction des bords de la Flume, près de Pacé (35). Sur place, le premier geste consiste à dégager les débris de branches qui se sont accumulés au niveau des deux tuyaux de prélèvements au milieu de la rivière. Ensuite, Philippe Laguionie et son collègue Jean-Yves Brossault immergent pendant quelques minutes la sonde de turbidité, qui donnera des informations sur l’opacité de l’eau. Enfin, les flacons de prélèvements remplis d’eau sont remplacés par des flacons vides. « En temps normal, nous faisons un prélèvement par 24h. Mais quand de fortes précipitations sont annoncées, nous programmons l’échantillonnage toutes les heures », explique Philippe Laguionie. 


En temps normal, les prélèvements automatisés ont lieu une fois par jour. Mais en période de crue la surveillance des scientifiques est plus fréquente.
©Nathalie Blanc

L’origine des sédiments

Au laboratoire, le contenu des flacons est filtré, puis les sédiments séchés avant d’être analysés. « Nous les pesons, nous mesurons leur granulométrie et recherchons la quantité de matière organique. » Couplées à des données sur le débit de la rivière, ces informations permettent notamment d’identifier l’origine des sédiments : proviennent-ils de l’écroulement des berges ou du ruissellement des parcelles en bordure ? Les moyennes de ces résultats servent à faire de la modélisation.
Au final, c’est le comportement des sédiments sur le bassin versant, en amont du point de prélèvement, qui est extrapolé.
« Mais on pourrait faire encore bien d’autres mesures sur les échantillons de sédiments prélevés. Comme des analyses chimiques, par exemple, pour identifier éventuellement des polluants... bref, pour caractériser l’influence de l’activité humaine sur le bassin versant. Tous ces gestes et ces technologies très simples donnent finalement une vision moderne et globale de la rivière. »

La Vilaine et l’Amazone

L’analyse morphologique des cours n’est pas encore très développée en France, contrairement aux États-Unis, où des mesures sont réalisées régulièrement depuis quarante ans !
Alain Crave, du laboratoire Géosciences, qui a initié ce thème de recherche à Rennes, est parti étudier le comportement du fleuve Amazone, dont certaines caractéristiques, à une autre échelle, sont proches de celles de la Vilaine ! La comparaison des deux fleuves pourrait apporter de l’eau au moulin des travaux de Philippe Laguionie.

Nathalie Blanc

Philippe Laguionie
Tél. 02 23 23 83 12
philippe.laguionie [at] insa-rennes.fr (philippe[dot]laguionie[at]insa-rennes[dot]fr)

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